La construction de la chapelle Saint-Laurent remonte au XVIème siècle. Dans l’inscription située au-dessus de la porte sud, on peut lire le nom du maître d’œuvre et la date : « G. Le Gloan me first l’an MIL V etz trant et VIII » (Guillaume Le Gloan, 1538). 

 En forme de demi-croix latine, avec un seul bras de transept au nord, elle présente un grand intérêt à plusieurs titres.

L'extérieur

 Située dans l’enclos paroissial (qui fut classé dans sa totalité aux Monuments historiques en 2003), sa proximité avec l’église Saint-Gilles ne manque pas d’intriguer nombre de visiteurs.

 Du point de vue architectural, le plus remarquable est sans nul doute le chevet à trois pignons triangulaires, avec contreforts surmontés de pinacles à l’extérieur et de gargouilles au centre, œuvre de l’atelier Beaumanoir de Morlaix.

 On remarquera aussi les deux portes sud et ouest de même style ; les crossettes du pignon nord sculptées de figures animales ; le clocher de plan carré auquel on accédait par le petit escalier situé sur le rampant nord.

 Au milieu du pignon ouest, six écussons martelés à la Révolution portaient à l’origine les armoiries des familles seigneuriales qui avaient participé à la construction de l’édifice. 

 D’un grand intérêt aussi, par son histoire et les œuvres qui y sont conservées. Ainsi la consultation des archives paroissiales relate un fait qui peut surprendre : dès 1860, une salle de classe (de filles) fut aménagée dans le bras nord du transept, au 2ème niveau.
C’est alors que l’on aménagea une porte dans le mur est avec un petit escalier extérieur.

Le mobilier

   – Au 1er niveau du bras nord, dans une crypte semi-enterrée, une « Mise au tombeau » qui suscite l’intérêt de tous les amateurs d’art. Ce groupe sculpté composé de sept personnages, en tuffeau polychrome, fut réalisé en 1718 par Guillaume Guérin de Lannion. L’œuvre a été restaurée en 2012.

   – Un retable avec les statues de saint Yves et saint Mathurin dans les niches latérales, installé en 1832.
Compte tenu des remaniements visibles dont il a fait l’objet, on peut penser qu’il aurait été placé à cet endroit pour servir de cloison au bras nord (et par la suite y installer la classe de filles).

   – Un tableau représentant le martyre de saint Laurent : celui-ci a été restauré en 2014 et devrait ultérieurement retrouver sa place dans l’édifice.

   – Sur le pignon ouest, les statues du Christ en croix, de Marie et de saint Jean.

Historique de travaux et projets…

 Au début du siècle dernier la chapelle se trouvait dans un tel état de délabrement qu’il fut alors question de la « raser » ! mais la population refusa ce projet. Grâce à une souscription, les travaux les plus urgents furent effectués : charpente de la nef, couverture, consolidation des murs. Mais par manque de moyens, les trois pignons du chevet Beaumanoir ne purent être remontés. On posa alors au-dessus du chœur une charpente et une toiture polygonale dont le souvenir est encore bien présent dans la mémoire de nombreux Saint-Gillois.

 A partir de 1969 la chapelle devint à nouveau une préoccupation majeure des municipalités successives. D’importants travaux en plusieurs tranches furent engagés entre 1976 et 1980 : réfection de la charpente et de la couverture de la nef et surtout la reconstruction du chevet Beaumanoir !

 Dans les années qui suivent, ce fut l’église Saint-Gilles qui devint la priorité. L’église ayant été restaurée et ré-ouverte en juin 2011 (après huit ans de fermeture) de nouveaux projets voient le jour pour la chapelle Saint-Laurent…

   En 2015 : mise en place de la voûte lambrissée dans l’ensemble de l’édifice. On remarquera notamment, les représentations symbolisant l’eucharistie, réalisées au-dessus du chœur (de droite à gauche : crucifix, calice, épis de blé et grappe de raisin).

   En 2016 :  
     – réfection des joints du pignon-ouest et du petit escalier d’accès à la tour sur le rampant nord,
     – dépose et remplacement du « mouton » de la cloche,
     – rejointoiement du socle du calvaire du cimetière,

   En 2020 : travaux de consolidation et de restauration des murs intérieurs de la nef (joints, enduits et peintures murales).

 Fermée depuis le début des années 1990, notre chapelle retrouve petit à petit toute sa splendeur et nous avons pu l’ouvrir au public dès l’été 2016.
Néanmoins, la partie chœur est encore à restaurer : en projet pour les mois à venir.

   Chapelle Saint-Laurent… Et Saint-Maurice ?

 La chapelle Saint-Laurent : c’est en effet sous ce vocable que nous la connaissons depuis de nombreuses années et c’est bien ainsi qu’elle est désignée dans les guides touristiques et documents officiels. Mais aux dires d’anciens Saint-Gillois, dont on peut saluer la mémoire, autrefois dans cette chapelle on vénérait deux saints : saint Laurent et saint Maurice !
Voilà donc l’explication des inscriptions sur les murs intérieurs (SL/SM).

 Il y a d’autres références à saint Laurent et saint Maurice :

   – Les deux grandes statues de saint Laurent (en habit de diacre) et de saint Maurice (en centurion romain), visibles à l’étage du transept nord, se trouvaient avant les travaux de restauration du chevet (entre 1976 et 1980), dans le chœur de chaque côté de l’autel.

   – Les deux saints sont également représentés, et de la même manière, sur le vitrail de la baie sud ainsi que sur une bannière (dans l’église Saint-Gilles).

   – Il existe aussi une petite statue de saint Laurent que l’on sortait pour le pardon (étage du transept nord, à gauche), et la statue de saint Maurice à cheval qui était portée en procession par les conscrits. 

   – La consultation des anciens bulletins paroissiaux, a révélé que chacun des deux saints avait son pardon. Il semblerait que les derniers pardons célébrés dans la paroisse eurent lieu en 1990 : le 12 août pour saint Laurent et le 23 septembre pour saint Maurice.